Cybermenaces JO 2024
La cybersécurité est devenue un enjeu majeur pour les grands événements sportifs internationaux. Avec les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques prévus en France en 2024, le pays se prépare à faire face à un niveau de menace sans précédent.
Les cybermenaces : un risque omniprésent lors de grands événements
Les grands rassemblements sportifs, qui captivent des millions de spectateurs à travers le monde, sont devenus des cibles de prédilection pour les cybercriminels. Avec l’avancée technologique et la numérisation accrue des systèmes de gestion de l’information associés à ces événements, leur vulnérabilité face aux cyberattaques s’est intensifiée.
La diversité des cyberattaques est vaste. Parmi elles, le vol de données confidentielles, les interruptions de service causées par des attaques par déni de service distribué (DDoS), la propagation de fausses nouvelles, et l’infiltration de systèmes de gestion opérationnelle sont les menaces les plus courantes. Ces actes malveillants peuvent entraîner des répercussions dévastatrices : perturbations massives des activités, altération de la réputation des organisateurs et érosion de la confiance du public.
La sécurisation de ces événements nécessite donc une approche proactive et stratégique. Il est essentiel d’implémenter des systèmes de défense robustes, de réaliser des audits réguliers de sécurité et de former le personnel aux meilleures pratiques de cybersécurité. La collaboration entre organisateurs, autorités et experts en sécurité informatique est cruciale pour anticiper, détecter et neutraliser les menaces potentielles, garantissant ainsi le succès et la sécurité des grands événements sportifs.
L’essentiel de la cybersécurité pour les acteurs clés des événements majeurs
Les entreprises impliquées dans l’organisation et la diffusion de grands événements jouent un rôle crucial en matière de cybersécurité. La protection de leur système d’information est impérative pour garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données sensibles. Ces mesures de sécurité sont vitales pour prévenir les cyberattaques qui pourraient non seulement compromettre des informations stratégiques mais également nuire à l’ensemble du déroulement de l’événement.
Face à la complexité croissante des architectures informatiques modernes, l’implémentation de mesures de sécurité robustes représente un défi considérable. Les entreprises doivent adopter une démarche proactive en collaborant étroitement avec des spécialistes en cybersécurité. Cette coopération permet d’évaluer précisément les risques, de concevoir des stratégies de défense adaptées et de renforcer la résilience de leurs infrastructures contre les menaces émergentes.
En somme, la sécurisation efficace des systèmes d’information nécessite un engagement continu et une mise à jour constante des pratiques de sécurité pour faire face à l’évolution rapide des menaces cybernétiques.
L’ANSSI : Pilier de la cybersécurité dans l’univers des événements sportifs majeurs
L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) joue un rôle prépondérant dans le paysage de la cybersécurité en France. En tant qu’organe gouvernemental, l’ANSSI est chargée de la protection des systèmes d’information de l’État, mais également de soutenir les opérateurs d’importance vitale (OIV) dans la sécurisation de leurs infrastructures critiques.
Lors de grands événements sportifs, l’implication de l’ANSSI est cruciale. Elle collabore étroitement avec les organisateurs, les diffuseurs et les différents prestataires de services pour assurer la sécurité des infrastructures numériques. Cette coopération se manifeste par des audits de sécurité, la mise en place de protocoles de réponse aux incidents, et des conseils stratégiques pour prévenir et répondre efficacement aux cyberattaques.
Ces actions sont essentielles pour maintenir l’intégrité et la disponibilité des services numériques durant les événements, minimisant ainsi les risques de perturbations qui pourraient gâcher l’expérience des spectateurs et compromettre les opérations critiques. L’ANSSI s’affirme donc comme un partenaire incontournable pour garantir la continuité et la sécurité des grands rendez-vous sportifs en France.
1. Analyse du contexte favorisant les cybermenaces dans les grands événements sportifs
Un contexte qui augmente les opportunités d’attaques
Les grands événements, tels que les compétitions sportives internationales, offrent une vaste surface d’attaque pour les cybermenaces en raison de la diversité et de l’ampleur des acteurs impliqués. De la petite entreprise locale à l’État, chaque participant présente des niveaux de préparation en cybersécurité variés. Leur interconnexion crée un réseau complexe où une vulnérabilité chez un acteur peut potentiellement compromettre l’ensemble du système.
Ces événements s’appuient sur une infrastructure technologique étendue, allant des systèmes de billetterie en ligne aux plateformes de streaming vidéo, gérés par une variété d’organismes comme le Comité international olympique, diverses fédérations nationales et associations sportives. Les systèmes dédiés aux opérations locales, y compris ceux utilisés par les forces de l’ordre et les services d’urgence, sont également essentiels à la sécurité globale de l’événement.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024, avec leurs 38 sites de compétition, illustrent parfaitement cette intégration de la technologie dans la gestion des événements sportifs. Le passage de systèmes de gestion physique traditionnels à des systèmes informatisés introduit des interdépendances complexes, brouillant les lignes entre la sécurité informatique et la sécurité physique. Des systèmes comme ceux qui contrôlent l’éclairage, le chauffage, l’accès et la vidéosurveillance sont devenus des points critiques.
Les implications d’une cyberattaque sont vastes, affectant non seulement la sécurité physique des participants et des spectateurs mais également l’intégrité et la réputation du pays hôte. Les pertes économiques pour les organisateurs, les sponsors et même les spectateurs peuvent être considérables, impactant les recettes des billets et les dépenses en infrastructure.
Pour répondre à ces défis, une gamme croissante de services numériques est déployée pour améliorer l’expérience des spectateurs, mais cela augmente également les points d’exposition aux cyberattaques. L’utilisation généralisée de la technologie, des objets connectés par les athlètes à l’arbitrage numérique, augmente la vulnérabilité aux attaques.
Le contexte géopolitique et sanitaire actuel ajoute une couche supplémentaire de complexité. Des situations comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou la pandémie de Covid-19 peuvent influencer directement la cybersécurité des événements. Les tensions géopolitiques peuvent inciter à des attaques informatiques ciblées, et des crises sanitaires comme le Covid-19 modifient les modalités de participation et de sécurité, changeant ainsi la nature des risques cybernétiques.
Ces facteurs soulignent la nécessité pour les organisateurs de grands événements sportifs de développer des stratégies de cybersécurité robustes, adaptatives et proactives pour protéger à la fois les infrastructures et les informations contre les menaces toujours plus sophistiquées dans un monde interconnecté.
2. Attaques motivées par le profit dans le contexte des grands événements sportifs
La popularité et l’ampleur des grands événements sportifs tels que les Jeux Olympiques et Paralympiques créent des conditions idéales pour des cyberattaques à des fins lucratives. L’intérêt massif suscité par ces événements attire des acteurs cybercriminels variés, renforçant ainsi la menace d’activités malveillantes qui, au cours des dernières années, se sont avérées particulièrement prévalentes.
2.1. Escroqueries ciblant les spectateurs
Les spectateurs des grands événements sportifs, tels que les Jeux Olympiques, sont souvent la cible de fraudes sophistiquées bien avant l’événement lui-même. Par exemple, à l’approche de l’ouverture de la billetterie des Jeux Olympiques de 2024, les cybercriminels ont une opportunité d’or pour lancer des sites frauduleux destinés à collecter des informations personnelles et bancaires sensibles. Ces faux sites peuvent être extrêmement convaincants, utilisant des marques, logos et slogans officiels pour leurrer les victimes potentielles.
Les campagnes de phishing, qui distribuent des billets contrefaits ou volent des informations via de faux courriels promotionnels, sont également monnaie courante. Les cybercriminels peuvent même créer de fausses applications mobiles ou compromettre des sites web légitimes pour rediriger les utilisateurs vers des plateformes malveillantes, une tactique connue sous le nom de “watering hole attack”.
Ces escroqueries ne se limitent pas à la simple collecte de données ; elles peuvent également inclure le skimming de cartes bancaires aux distributeurs automatiques ou aux terminaux de points de vente, particulièrement vulnérables lors d’événements d’envergure en raison de l’augmentation des transactions financières. Les récents progrès dans la technologie EMV (Europay, MasterCard et Visa) ont certes réduit la portée de telles attaques, mais le risque demeure significatif.
2.2. Tentatives d’extorsion
2.2.1. Rançongiciels
Les rançongiciels, qui ont gagné en popularité parmi les outils des cybercriminels, pourraient être utilisés pour perturber les Jeux de 2024 en France. Ces malwares bloquent l’accès aux systèmes d’information jusqu’à ce que la rançon soit payée, affectant potentiellement les organisateurs, sponsors, et même les infrastructures de l’État.
Par exemple, en janvier 2019, le stade Geoffroy-Guichard et ses systèmes de billetterie ont été paralysés par une attaque de rançongiciel, entraînant des pertes financières importantes et des interruptions de service. Plus récemment, en juin 2023, la Fédération française de rugby a subi une attaque similaire, bien que les conséquences aient été moins graves.
2.2.2. Chantages au DDoS et à la divulgation de données
Les Jeux Olympiques de 2024 pourraient également être la cible de chantages DDoS, où les attaquants menacent d’inonder les sites officiels de la compétition avec un trafic excessif à moins que la rançon ne soit payée. Ces attaques peuvent gravement perturber les services en ligne et endommager la réputation des organisations affectées.
En plus du DDoS, les cybercriminels peuvent menacer de divulguer des informations sensibles, augmentant ainsi la pression pour obtenir une rançon. Ces attaques peuvent être lancées non seulement de manière ciblée mais également par opportunité, exploitant les grands rassemblements pour maximiser l’impact de leurs actions malveillantes.
En résumé, l’attrait des grands événements sportifs pour une audience mondiale les rend particulièrement vulnérables aux attaques cybercriminelles, nécessitant des mesures de cybersécurité renforcées pour protéger à la fois les données personnelles et la continuité des opérations.
3. Attaques visant à déstabiliser lors de grands événements sportifs
Les grands événements sportifs sont souvent visés par des attaques cybernétiques destinées à déstabiliser, notamment en raison de tensions géopolitiques. Par exemple, la France, en tant que pays hôte, pourrait être ciblée par des acteurs étatiques ou des hacktivistes avec des motivations politiques ou idéologiques cherchant à discréditer le pays ou à perturber l’événement. L’ampleur de ces événements augmente l’impact potentiel de telles attaques.
3.1. Sabotage informatique
Le sabotage peut entraîner la destruction de matériel ou de logiciels informatiques, souvent sans possibilité de récupération en l’absence de sauvegardes adéquates. Les puissances étrangères pourraient cibler les systèmes informatiques des JOP 2024 pour ternir l’image de la France et minimiser les bénéfices économiques de l’événement. Ce type de risque n’est pas seulement théorique ; il y a eu des précédents, comme l’attaque destructrice lors des JOP d’hiver 2018 à Pyeongchang, connue sous le nom de “Olympic Destroyer”. Cette attaque a perturbé la cérémonie d’ouverture et affecté plusieurs systèmes essentiels, entraînant une attribution publique au renseignement militaire russe par le NCSC-UK.
Les menaces ne se limitent pas à la durée des événements eux-mêmes ; des attaques préventives sont également possibles, comme l’ont montré les reconnaissances avant les JOP de Tokyo en 2021. Ces opérations de reconnaissance visaient les organisateurs, les services logistiques, et les sponsors.
3.2. Amplification des revendications par les attaquants
Des acteurs malveillants peuvent exploiter la couverture médiatique des JOP 2024 pour promouvoir leurs causes. Des attaques par déni de service distribué (DDoS) pourraient être utilisées pour perturber les services ou attirer l’attention sur d’autres attaques simultanées. Les exemples incluent des attaques par des groupes hacktivistes comme ANONYMOUS contre les autorités brésiliennes lors des JOP de Rio en 2016, critiquant les inégalités économiques et sociales.
3.3. Compromission et divulgation de données
Des attaques de type “hack-and-leak” pourraient viser à compromettre des systèmes d’information et à divulguer des informations sensibles. Des incidents passés, comme la fuite de données de l’Agence mondiale antidopage ou les “Football Leaks”, montrent que ces attaques peuvent sérieusement nuire à la réputation des entités sportives et révéler des pratiques controversées. En outre, des tentatives de prise de contrôle des comptes de réseaux sociaux des entités organisatrices pourraient être utilisées pour diffuser des messages politiques ou des revendications, démontrant la vulnérabilité continue de ces plateformes à des attaques de faible complexité technique mais à fort impact médiatique.
Ces tactiques montrent que les grands événements sportifs, en raison de leur visibilité et de leur importance symbolique, attirent l’attention non seulement des fans de sport mais aussi des acteurs cherchant à influencer ou à perturber par des moyens cybernétiques.
4. Attaques d’espionnage lors de grands événements sportifs
4.1. Attaques ciblées
Bien que les événements sportifs ne soient pas immédiatement perçus comme des cibles classiques pour l’espionnage, ils rassemblent néanmoins d’importantes personnalités politiques, des dirigeants d’entreprise et leurs collaborateurs dans un même lieu, souvent concentrés dans une seule ville. Cette convergence fait de ces individus des cibles idéales pour les services de renseignement étrangers. Lors des JOP 2024, qui sont aussi des occasions de rencontres diplomatiques internationales, il existe un risque accru que ces services tentent de compromettre les appareils mobiles de ces personnalités pour infiltrer les réseaux de leurs institutions ou entreprises.
Même si ces activités d’espionnage ne perturbent pas directement les compétitions, la révélation de telles opérations pourrait avoir un impact indirect sur leur déroulement. Les infrastructures d’accueil, telles que les hôtels ou le Wi-Fi des stades, pourraient être particulièrement visées pour collecter des données. Des groupes spécialisés dans l’infiltration de réseaux publics pourraient exploiter ces grands rassemblements pour dérober des informations personnelles de hauts dirigeants.
En outre, les événements majeurs comme les JOP pourraient servir de couverture ou de prétexte à des campagnes d’hameçonnage ciblées contre les autorités françaises ou à des opérations offensives en cybersécurité contre l’État français.
4.2. Attaques via la chaîne d’approvisionnement
Les événements sportifs impliquent de nombreuses entités dont les systèmes d’information sont souvent interconnectés, les rendant vulnérables aux attaques via la chaîne d’approvisionnement. Ce type d’attaque consiste à compromettre un intermédiaire, comme un fournisseur de services ou de logiciels, pour atteindre la cible finale.
Un exemple notoire est l’incident de mai 2021 impliquant FUJITSU, un fournisseur japonais d’équipements et services informatiques. FUJITSU a découvert une intrusion non autorisée ayant exposé les données de ses clients via ProjectWEB, une plateforme de partage de données. Cet incident a affecté les JOP de Tokyo 2020, avec le vol de données personnelles de participants liés au comité d’organisation. Bien que l’attaque ait été attribuée au groupe CIRCUIT PANDA, présumé chinois, cette information n’a pas été confirmée par l’ANSSI. La large portée de cette compromission et le volume de renseignements stratégiques collectés indiquent que le ciblage des JOP pourrait faire partie d’une campagne d’espionnage plus vaste.
Ces exemples illustrent comment les grands événements sportifs, malgré leur nature festive et unificatrice, peuvent attirer des activités d’espionnage sophistiquées, mettant en lumière la nécessité d’une vigilance accrue et de mesures de sécurité renforcées pour protéger les participants et les infrastructures critiques.
Conclusion
Les grands événements sportifs, tels que les Jeux olympiques de Paris en 2024, sont confrontés à un défi de taille en matière de cybersécurité. Les cybermenaces présentent un risque réel et potentiellement dévastateur pour ces événements. Cependant, grâce à une gestion rigoureuse des risques, une collaboration étroite entre le secteur public et privé, et une mobilisation importante de ressources humaines et technologiques, il est possible de sécuriser les systèmes d’information et de garantir le déroulement réussi de ces événements. Il est impératif que chaque acteur concerné prenne conscience de l’importance de la cybersécurité et agisse en conséquence pour protéger non seulement les systèmes informatiques, mais également la réputation et l’intégrité de ces manifestations sportives prestigieuses.
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